Darfour : il faut réagir avant la débâcle !
La conférence de Paris s’est déroulée le 25 juin dernier, menée tambour battant par notre ministre des affaires étrangères, Bernard Kouchner. À cette réunion et de manière multilatérale fut prise la décision d’envoyer une force militaire mixte ONU- Union africaine d’interposition, afin de garantir un couloir sanitaire aux réfugiés du Darfour.
Constatons, à ce jour, c'est-à-dire six mois après cette réunion tant espérée et prometteuse d’un certain salut pour cette population martyrisée, qu’il n’y a toujours pas de Force d’interpositions. L’union Africaine n’a toujours pas trouvé un accord entre les nations africaines participantes pour la formation et l’envoi d’un contingent. La seule force militaire parvenue au Darfour est,( oh ironie !) un contingent du Génie chinois.
Constatons toujours, que sur un plan diplomatique un certain art du Statu Quo prudent est observé à propos de la question du Darfour. Du cotés de la réalité quotidienne du Darfour, les attaques et les provocations, sans aucune sorte de retenue, des miliciens, plus cupides que bons croyants, Janjawids n’ont à aucun moment faibli.
Paris ne les a en aucun cas impressionnés ni fait hésiter dans l’exercice de leur bestialité.
Aucunement intimidé aussi, le gouvernement de Khartoum. Qui continue ses provocations et manipulations, en ouvrant ostensiblement, sans résultats ni promesses, des négociations avec la rébellion du Sud Soudan.
Ce même gouvernement nullement déstabilisé par la pression internationale, n’hésite pas à renouer avec des pratiques utilisées à l’époque du tristement célèbre Mahdi : La prise d’otage européen. C’est l’affaire de la Britannique Gillian Gibbons destinée à recevoir 40 coups de fouet pour avoir nommé une peluche « Mahomet » ! Condamnée à 15 jours de prison, elle fut graciée le 3 décembre dernier, cela après qu’une mission composée de Pairs musulmans de la chambre des Lords soit intervenue. Et nous pouvons légitimement nous interroger et nous demander à quelles conditions, Gillian Gibbons fut-elle graciée ? Khartoum a-t-il exercé des pressions sur la diplomatie Britannique ?
En périphérie immédiate, nous notons la dégradation flagrante de la situation. Des tensions apparaissent au Tchad, avec l’affaire de l’Arche de Zoé. Où des « exaltés » de l’humanitarisme se voient transformés en porte-étendard d’une supposée résurgence néocolonialiste aux accents esclavagistes. Et toujours au Tchad dans l’Est du pays à la frontière avec le Soudan, une tribu nomade vient de déclarer la guerre à l’armée française et par là même à toute force d’interpositions étrangères. Il s’agit peut-être là de détails, mais la multiplication des incidents aura inévitablement pour effet de retarder le déploiement d’une force militaire.
Otages européens et redoublement des violences, voilà où nous en sommes 6 mois après Paris.
Enfin, comme si on ne voulait pas porter la responsabilité d’un échec diplomatique futur, d’un nouveau Fachoda à la fois désastreux et pathétique, voici surgir dans les colonnes de nos journaux les «minimalistes de l’ignominie », s’autoproclamant plus experts que la mission Williams ! Ils nous affirment le caractère non génocidaire du Darfour : il y a bien des massacres mais « ce n’est pas un génocide »! Est-ce là, une défense déguisée, encore bien pudibonde, des inculpés du gouvernement El Béchir?
Depuis la conférence de Paris du 25 juin, et malgré ses bonnes intentions, on ne peut que constater, d’une part une instabilité grandissante dans la région. Et d’autre part, les strasses et les pompes d’une conférence au sommet n’ont en rien modifié l’arrogance du gouvernement de Khartoum et cela aux détriments des populations du Darfour.
Par Jérôme L.J di Costanzo
22-01-08
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