http://www.lemonde.fr/web/depeches/0,14-0,39-34290207@7-37,0.html
Le président de l'Arche de Zoé en garde à vue à Paris
12.02.08 | 21h52
Conservez cet article dans votre classeur.
Abonnez-vous au Monde.fr : 6€ par mois + 30 jours offerts
Agrandir la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Imprimer cet article
PARIS (Reuters) - Le président de l'"Arche de Zoé", Eric Breteau, principal protagoniste d'une affaire de tentative d'enlèvement d'enfants au Tchad en octobre, a été placé en garde à vue mardi matin à la Brigade de protection des mineurs de Paris, a-t-on appris de source judiciaire.
Il a été extrait de la prison de Fresnes (Val-de-Marne) pour être interrogé dans le cadre d'une information judiciaire ouverte pour "escroquerie, exercice illégal de la profession d'intermédiaire en vue de l'adoption et aide au séjour irrégulier".
Cette procédure vise les démarches engagées par l'ONG française avant le départ au Tchad, où elle a obtenu des sommes de parfois plusieurs milliers d'euros de plusieurs dizaines de personnes au moins auxquelles étaient promises l'adoption d'un orphelin originaire de la province soudanaise du Darfour, limitrophe du Tchad.
Eric Breteau, 37 ans, devrait être présenté d'ici jeudi matin aux deux juges d'instruction chargés de cette procédure depuis octobre à Paris. Ils pourront soit le mettre en examen, soit l'entendre comme témoin assisté.
Les juges disposent d'une pièce à charge contre Eric Breteau, déjà interrogé en août 2007 à la Brigade des mineurs, dans le cadre d'une enquête préliminaire. Il avait alors admis sur procès-verbal avoir été averti du caractère illégal de ses démarches.
Comme cinq autres Français membres de son association - sa compagne Emilie Lelouch, 31 ans, les logisticiens Alain Péligat, 56 ans, et Dominique Aubry, 50 ans, le médecin Philippe Van Winkelberg, 48 ans, et l'infirmière Nadia Merimi, 31 ans, - Eric Breteau purge actuellement une peine de huit ans de prison en France pour tentative d'enlèvement de 103 enfants.
Arrêtés le 27 octobre dans l'est du Tchad alors qu'ils s'apprêtaient à s'envoler en France avec les enfants, les six membres de L'Arche de Zoé ont été condamnés en décembre par la cour criminelle de N'Djamena à huit ans de travaux forcés.
A leur demande, ils ont été transférés en France le 28 décembre où leur peine a été convertie en huit ans de prison.
Emilie Lelouch, Philippe Van Winkelberg et Alain Péligat sont déjà mis en examen dans le dossier de Paris. Dominique Aubry a été entendu comme témoin assisté.
L'interrogatoire intervient alors que le président tchadien Idriss Déby vient de se déclarer prêt à gracier six membres de l'Arche de Zoé.
Paris a transmis les demandes des six personnes à N'Djamena et la décision est attendue rapidement. Le président tchadien peut gracier tous les condamnés, certains d'entre eux, ou moduler les grâces, qui peuvent être partielles ou totales.
Retranché jusque dans son palais présidentiel par une offensive d'une guérilla armée, Idriss Déby a été sauvé de justesse après une contre-offensive, avec le soutien politique de la France. La presse affirme que Paris l'a aussi soutenu militairement, ce que nie le gouvernement français.
Thierry Lévêque