lettre de Mr joseph mahamat latissou

Mon cher ami


Après quelques tours des horizons et par le truchement des révélations des dessous du couac de l’Arche de Zoé, je suis à même d’émettre cette hypothèse qui me paraît la plus plausible : celle de l’Accord secret entre Deby et le Président de l’Arche de Zoé.


Au premier acte :
Nous savons d’abord que l’intention illégale de l’Arche de Zoé, d’apparence irréaliste, n’était pas la première du genre dans pareil conflit endémique. Pour voir la première évacuation, nous remontons à la guerre du Biafra au Nigéria à la fin des années 60 et début des années 70. En lieu et époque où Bernard Kouchner, en pionnier, fondait Médecins Sans Frontières. Les enfants nigérians furent évacués au Gabon, en Côte d’Ivoire, puis au Togo pour leur faire éviter l’extermination. Présentement, je vis avec un ami, P., descendant d’un de ces Ivoiriens d’origine nigériane. C’est la preuve que ces enfants nigérians n’ont pas été découpés et vendus en organes, "les tuer et enlever leurs organes" comme l’a pompeusement clamé Idriss Déby Itno, en vrai voyou et non en personne responsable, qui plus est Président d’une république !

Ainsi donc, l’intention de l’Arche de Zoé en elle-même était avant tout une action instinctivement humaine donc différent de l’humanitaire légal et institutionnel. Normal que les autres ONG condamnent la méthode qui sort des chemins battus.


Au deuxième acte :
Devant la détermination humaine de l’Arche de Zoé, Déby (Serpent en Arabe), en fin renard du désert, a certainement vu en cette occasion illégale une filière à exploiter et transformer en profit sûr : c’est là que serait intervenu l’Accord secret dont parle La Tribune de Genève dans sa livraison du 02 novembre 2007. Si l’Arche de Zoé peut exfiltrer ou évacuer en toute illégalité des enfants de la zone de conflits endémiques en particulier le Darfour sinon des trois frontières Tchad-Soudan-Centrafrique, alors, ces enfants devraient être à majorité ou uniquement constitués des enfants Zaghawa c'est-à-dire de l’ethnie ou de clan de Déby Itno, ethnie vivant à majorité au Soudan dans la zone concernée. Bravo : Marché conclu.


Troisième acte en attendant le suivant :
L’Arche de Zoé, une fois sur le terrain, et ayant couvert pour la plupart le territoire tchadien, n’aurait certainement pas pu avoir en majorité les enfants Zaghawa. Car, et c’est là aussi que se trouverait la complicité des chefs de villages, interprètes et autres responsables tchadiens inculpés ou recherchés voire visés par les enquêtes en cours. Les enfants regroupés en grand nombre seraient certainement issus des autres ethnies du Ouaddaï, en l’occurrence, les Arabes, les Tama, les Timi et autres… c'est-à-dire les ennemis légendaires, séculaires voire héréditaires, permettez-moi le terme, des Zaghawa ! C’est là que résiderait l’énigme du couac de l’Opération Arche de Zoé.


Le Président de l’Arche de Zoé qui ne dit rien du prétendu Accord doit être certainement gêné par un tel contrat s’il venait à être connu de l’opinion tant nationale qu’internationale. Agissant en humain, les responsables de l’Arche de Zoé inconsciemment ou non, n’auraient sans doute pas fait le choix exigé par les termes de l’Accord secret. Ils auraient agit selon leur conscience ou guidés par des Tchadiens certainement très « éclairés » sur le stratagème de Déby, et qui l’auraient « détourné » de son objet premier.


En fait, au Tchad depuis que Déby est au pouvoir, tout doit revenir au Zaghawa, la belle femme est pour le Zaghawa, la belle montre, la belle voiture, la belle villa pour le Zaghawa, l’argent pour le Zaghawa, les nominations des Officiers supérieurs et celles de la Haute Administration publique et para-publique, celles aux hauts postes de responsabilités reviennent à 80 % zaghawa, les entreprises fructueuses doivent avoir 70% des parts zaghawa, tout ce qui est doux et bon qui rentre ou sort du Tchad doit revenir à 70% au moins au Zaghawa.


En témoignage, j’ai personnellement formé sur deux années consécutives 1998 et 1999, deux promotions de démineurs humanitaires à 90% zaghawa ! Mais sur le terrain au Tibesti, seuls les formateurs au nombre de cinq non-Zaghawa se sont retrouvés avec les rescapés de la Compagnie de Génie Combat pour le déminage. Les Soudanais 70% ainsi formés se tassaient en Ndjamèna pour percevoir au moins cinq salaires de 300 mille minimum par mensualité soit Un million et demie de francs CFA ! Les quelques rares Zaghawa que nous avons formés et qui se sont retrouvé au Tibesti ne l’étaient que pour le front face à TOGOÏMI. Ainsi, un soudanais, l’ex-Coordonnateur du Projet Déminage, Mahammoud, se trouvant depuis quelques années Ambassadeur du Tchad auprès de la 1ère Puissance mondiale, les Etats-Unis !


Ainsi, si enfants devraient être exfiltrés du Darfour – puisque c’est de cela qu’il fut question – afin de bénéficier d’éducation, de formation en Occident, c’est d’office des enfants Zaghawa dont il fut question dans le prétendu Accord secret. Tout autre chose ne pouvait que faire vider l’Accord de son contenu. Raison principale de la rupture de contrat. Ce serait là l’énigme de la vigoureuse dénonciation entreprise par Déby et la compagne d’intoxication de l’opinion tant nationale qu’internationale qui n’y comprennent rien au flou artistique machinalement orchestré et suivi par Sarkozi, héritier de Chirac, parrain de Déby !


Mon cher ami et autre lecteur, referez- vous à mes textes « Si bien que le Tchad est en paix », à ma longue « Lettre à Hassan Abdelkerim BOUYEBRI », « La famille TOM & JERRY tombe en débris » et bien d’autres textes dans lesquels je parlais des crimes de guerre, crimes politique, économique, moral et social des Zaghawa sur un quart de siècle à l’endroit de leurs voisins immédiats ou géographiques. Les Zaghawa ont fait l’unanimité de l’inimitié contre eux-mêmes sur toutes ces longues années et ils le savent. C’est comment en sortir qu’ils ne savent pas ! Leurs parrains français au pouvoir devraient les y aider mais là, ce n’est vraiment pas gagné ! Avec un tel naufrage, ce n’est aucunement le sacrifice ou la mise en pâture de l’Arche de Zoé qui pourra les racheter.


Joseph Mahamat LITASSOU
mahamatl@yahoo.fr