Bonjour à tous,
ci dessous lettre de Marie Agnès lu par Christine le 1 décembre à Lyon.
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Chers amis,
Vous m’excuserez de ne pas être présente parmi vous aujourd’hui. Ces dernières semaines n’ont pas été faciles et celles qui s’annoncent ne le seront pas plus. Pour autant, j’ai la chance extraordinaire d’être sorti de ce piège tchadien et il ne se passe pas une journée sans que je ne pense à ceux qui sont encore là-bas. Vous vous posez sans doute beaucoup de questions sur ce qui s’est réellement passé durant cette mission. Je ne peux répondre à toutes dans ce message mais je le ferai si possible en privé par mail à ceux qui m’en feront la demande. Par ailleurs, je suis en train de monter un magazine pour France 3, qui sera diffusé le 21 décembre dans lequel je livrerai ma version des faits. Sachez déjà que je ne doute pas une seconde de la sincérité et de la probité d’Eric, Emilie, Philippe, Nadia, Alain et Dominique. Je considère comme un honneur d’avoir pu faire leur connaissance et d’avoir partagé toute cette aventure avec eux. Raconter les émotions qui furent les nôtres, nos espoirs, nos doutes est assez difficile. Ce sont des choses qu’il est presque impossible de partager avec ceux qui ne les ont pas vécu. Sachez qu’ils ont pris soin de ces enfants, qu’ils les ont soignés, choyés, aimés et que les enfants le leur ont bien rendu.
Je crois aujourd’hui qu’Eric et Emilie ont été trompés par les chefs soudanais qui leur ont confié les enfants. Ce qui peut se comprendre quand on voit la misère dans laquelle ils vivent. Comment ne pas saisir cette occasion inespérée de donner un avenir et une éducation à leurs enfants ? Jamais il n’y a eu la moindre transaction financière et Eric et Emilie ont essayé au maximum de recouper leurs informations. Quand ils avaient des doutes sur leur statut d’orphelin, les enfants étaient soit refusés soit renvoyés. Pour autant, ils n’ont pas dit la vérité aux gens (ni aux chefs de village, ni aux traducteurs) : à savoir que ces enfants étaient destinés à partir pour la France. Les choses se seraient peut-être passées autrement s’ils n’avaient pas menti, même si c’est pour des raisons de sécurité.
Quant à la nationalité des enfants, je pense qu’il se passera encore beaucoup de temps avant que l’on puisse la déterminer avec certitude : avant d’être tchadien ou soudanais, ils sont massalit ou zagawa pour leur famille. Tous, en tout cas, nous ont été présentés comme darfouris. Nadia, Philippe, Alain et Dominique n’ont pas participé au tri des enfants et n’ont fait que leur travail, rien que leur travail, avec une générosité rare.
Aucun de nos six amis ne mérite à mes yeux de pourrir dans une prison tchadienne. Je ne les oublie pas. Ne les oubliez pas non plus.
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Pour tout ceux qui veulent être en contacte avec Marie Agnès et lui écrire merci de contacter christine (Kiroff 51), catherine 75 ou sylvie 89 par mp nous vous transmettrons son adresse email.
Amicalement et solidairement