Arche de Zoé: les droits de la défense bafoués, selon l'avocat des Français
N'DJAMENA, 12 déc 2007 (AFP) - L'avocat des six membres français de l'Arche de Zoé, formellement renvoyés mercredi devant une cour criminelle par la Chambre d'accusation, a dénoncé "une entorse aux droits de la défense", affirmant ne pas avoir pu faire appel de l'ordonnance du juge d'instruction.
"C'est une entorse aux droits de la défense (...), on foule aux pieds la procédure", a lancé Me Abdou Lamian après que la Chambre d'accusation eut formellement mis en accusation et renvoyé ses clients devant la Cour criminelle de N'Djamena pour "enlèvement d'enfants en vue de compromettre leur état civil", faux en écritures publiques et grivèlerie.
"Nous avions trois jours pour faire appel" de l'ordonnance de transmission de pièces au Parquet général aux fins qu'il saisisse la Chambre d'accusation, qui a été notifiée lundi aux avocats de la défense par le juge d'instruction, a souligné Me Lamian.
"Mais on ne peut aller signifier notre appel du fait que le cabinet du juge d'instruction est resté hermétiquement fermé depuis lundi, ce que j'ai fait constater par un huissier", a-t-il ajouté.
"En dépit du fait que le délai d'appel court toujours, la Chambre d'accusation a rendu sa décision", a-t-il déploré.
Outre les six Français, la Chambre d'accusation a également mis en accusation mercredi trois Tchadiens et un Soudanais pour "complicité d'enlèvement d'enfants" et les a renvoyés devant la Cour criminelle.
Les 10 accusés encourent entre 5 et 20 ans de travaux forcés.
AFP 121338 DEC 07
Arche de Zoé: la déléguée d'un collectif de familles dénonce des pressions
TOULOUSE, 12 déc 2007 (AFP) - La déléguée d'un collectif des familles pour les enfants du Darfour a exprimé, mercredi à Toulouse, sa déception après le renvoi devant la cour criminelle de N'Djamena des six membres français de l'Arche de Zoé et dénoncé "les pressions importantes" subies par ces familles.
"Tout a été fait à charge pour eux et on se rend bien compte qu'ils veulent aller vite", a affirmé la déléguée en Midi-Pyrénées du Collectif des familles pour les enfants du Darfour (Cofod), Françoise Maillet, qui a décidé de témoigner après "mûre réflexion".
Dans un courrier adressé à l'AFP, Mme Maillet a rappelé que les familles qui devaient accueillir des enfants ont été "+invitées+ à limiter les contacts avec les médias pour ne pas froisser davantage le président tchadien (...) et ne pas entraver les négociations".
Mme Maillet s'est dite "profondément déçue" du renvoi mercredi devant la cour criminelle des six Français, trois Tchadiens et un Soudanais qui ont tenté fin octobre de transporter du Tchad en France 103 enfants. "On ne se fait pas d'illusions sur le verdict, mais on espère que le président de la République tiendra ses promesses".
"Il a déclaré qu'il était le président de tous les Français et qu'il irait les chercher quoi qu'il advienne, alors nous espérons qu'il le fasse", a-t-elle insisté avant de révéler qu'elle avait entamé avec des familles "dans toute la France" une grève de la faim en soutien aux personnes poursuivies.
Pour cette déléguée du Cofod, "il arrive un moment où on veut pouvoir se regarder dans la glace". "Ce que nous vivons actuellement, et eux plus encore, est un cauchemar", a-t-elle souligné, ajoutant: "Tant qu'on est debout, on continuera ce combat, juste, jusqu'au bout".
AFP 121733 DEC 07